• Dohnanyi : Capriccio en fa mineur

    C'est avec des pièces de ce genre que Cziffra pouvait se faire détester par la critique ou aduler du public. Le grand compositeur hongrois Ernö Dohanyi fut l'un des professeurs de Cziffra à l'Académie Frans Liszt de Budapest. Outre cette pièce d'une virtuosité transcendante exacerbée par les moyens et l'invention musicale de Cziffra, il est l'auteur d'un grand nombre d'oeuvres pour piano, orchestre et musique de chambre absolument sublimes qui le situent dans la lignée de Brahms dans le courant post romantique. Cziffra avait mis ce Capriccio à ses programmes dans les années 70 et le jouait souvent en concert.  Ce Capriccio est très emblématique de l'approche virtuose de Cziffra, mais il n'en n'oublie pas la musique, certains passages sonnent comme du Ravel, ni les aspects tziganes avec l'accentuation des appogiatures dans la superposition coriace des mains. De même, telle un friska de rhapsodie, il en accentue le mouvement jusqu'aux limites de l'impossible comme un immense vertige musical. Beaucoup de pianistes et de musiciens pourraient en tirer une leçon de souplesse féline, de goût du risque exemplaire, et méditer sur ce qu'est vraiment l'interprétation.