• 8 juillet 2014

     

    Chaque jeune femme finira par ressembler à l'une de ses grand-mères, ou peut-être aux deux à la fois. 


  • 12 mai 2015

    En moins de quelques jours, de quelques heures,  dix ans de vie avaient été soldés, comme lorsque que l’on vide rapidement un compte en banque, de peur d’un crash. Ces deux êtres, qui se parlaient, se téléphonaient, s’écrivaient, jouaient ensemble, se pensaient sans cesse, tout d’un coup étaient devenus silencieux l’un à l’autre. L’une parce qu’elle vivait une autre histoire, l’autre par nécessité de ne pas aggraver sa propre souffrance. Comment ne pas devenir fou ? Quel enfant privé de sa mère en quelques minutes, sans explication, pourrait se construire ? Quelle mère séparée de son enfant  par un rapt pourrait survivre ? Pire que la mort, inéluctable, irrémédiable, qui échappe à la raison et qui est rarement voulue, la rupture de deux être qui se disaient souvent « on s’entend très bien » représente un effort surhumain pour celui qui la subit. Lorsque l’on meurt, effectivement, on ne quitte pour personne. Et cela est acceptable.

     

    C.L. op. cit.

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  • 16 mars 2015

     

    Robin s'était en fait investi d'une mission impossible humainement, celle de sauver Marie de son environnement

    familial.

    C'était pourtant ce qu'il avait cru comprendre qu'elle lui demandait au moment où, dans le salon de cette

    maison, elle lui avait dit, "si

    on ne le fait pas on le regrettera toute notre vie."

    Quels étaient les regrets de Marie, désormais ?

    Pour Robin, au moment de la rupture, la tâche n'était pas encore commencée...

     

     


  • 11 mars 2015

     

    Lors d'un long message sur Facebook dans lequel elle donnait de ses nouvelles à une amie qu'elle n'avait pas

    vue depuis longtemps, Marie avait écrit "Eh oui... je suis toujours avec Robin"


  • 2 mars 2015

     

    « C'est une folie d'haïr toutes les roses
    parce qu'une épine vous a piqué,
    d'abandonner tous les rêves parce que
    l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé, de
    renoncer à toutes les tentatives parce
    qu'une a échoué...

    C'est une folie de
    condamner toutes les amitiés parce
    qu'une vous a trahi, de ne croire
    plus en l'amour juste parce qu'un
    d'entre eux a été infidèle, de jeter toutes
    les chances d'être heureux juste parce
    que quelque chose n'est pas allé dans la
    bonne direction.

    Il y aura « toujours une
    autre occasion, un autre ami, un autre
    amour, une force nouvelle. Pour chaque
    fin il y a toujours un nouveau départ... »

    (Le Petit Prince)

     


  • 1 mars 2015

     

    Comme souvent, à l'époque des dimanches printaniers, Robin avait scruté les annonces de vide greniers sur Brocabrac. Il s’était porté sur une grande brocante couvrant le Boulevard Voltaire jusqu’à la Nation.  Ils avaient décidé d’initier Gisèle au chinage et se réjouissaient à l’avance de lui faire découvrir ces moments délicieux de flânerie sur les boulevards parisiens, dans l’atmosphère douce du mois de mai, entrecoupés de petits cafés en terrasse. Robin avait également convié une de ses anciennes amies, avec qui il avait formé, quelque trente ans auparavant, un couple assez passionnel, qui lui était restée chère et avec laquelle il avait gardé beaucoup de complicité et d’affection, partageant notamment leur goût pour la musique, les balades, et les discussions sur la vie.  En descendant la rue de la Chapelle, c’est tout joyeux que Robin ouvrit le toit de la vieille Mercedes pour être au plus près du ciel bleu et du soleil, des branches d’arbres qui bourgeonnaient et contempler l’architecture en pierre des immeubles haussmanniens  luisant sous le soleil matinal. Très vite, le petit quatuor se sépara au grès du rythme de leurs découvertes. Marie regardait les sacs à main, les petites fringues  de fille avec Gisèle qui la suivait sans grande conviction ; Robin et Isabelle s’attardaient sur les livres, les vieux disques, de vieilles tasses bistrot ou des affiches publicitaires. Comme souvent, Giselle ne semblait se concentrer que sur son amitié avec Marie et ne prêtait guère attention ni à Robin ni à Isabelle. Elles semblaient avoir beaucoup de choses à se dire, probablement sérieuses ; ce besoin de parler, de se confier, de questionner que l’on ressent lorsque la vie vous interroge. Mais, qui parlait à qui ? Rapidement, elles décidèrent d’abandonner Robin et Isabelle pour se réfugier dans un café et continuer leur conversation… Plus tard, Isabelle repartit chez elle tandis que  Marie, Robin et Gisèle décidèrent de déjeuner dans une petite brasserie. Attablés sur une terrasse où on ne les servait pas, de guerre lasse ils poursuivirent jusqu’à un petit café branché que connaissait Gisèle qui habitait tout près. En passant devant un brocanteur, Robin leur montra un lot de petits journaux de mode des années 1900 dans lesquels on ventait des vêtements et des objets « très coquets ». Dans le vocabulaire complice de Marie et Gisèle, « coquet » était un mot qu’elles affectionnaient, qui revenait souvent dans leur conversation et qu’elles utilisaient à tout bout de champ et de manière parfois décalée, ce qui était très drôle. On s'amusa beaucoup et les journaux « coquets » furent achetés immédiatement.

     

     

    C.L. op. cit.


  • 8 février 2015

     


    Tous les matins, ils descendaient vers la terrasse où était servi le petit déjeuner. Ils contournaient les petits bungalows dispersés dans cette pinède accidentée, enjambaient de petits ponts, changeaient d’itinéraire suivant leur humeur. Jusque là, ils étaient encore dans l’ombre des pins et des chênes liège, goûtant déjà la tiédeur d’une journée d’été méditerranéenne. Bientôt, ils arrivaient sur le chemin principal qui menait vers la terrasse au bord de la mer et, en un instant, étaient baignés de lumière, illuminés par les reflets du soleil sur l’eau. Souvent, ils se prenaient la main pour terminer la descente, frappés tous les deux par la beauté du lieu et la soudaine découverte de la partie orientale de la presqu’île de Giens et de la rade d’Hyères qui se refermait sur le Cap Bénat. Ils retrouvaient ainsi quelques musiciens, essentiellement des cordes, nouveaux collègues de Marie, notamment une merveilleuse petite famille aux deux enfants adorables qui résidait dans le bungalow voisin. 

     

    C.L op. cit. 


  • 5 février 2015

     

    Ils avaient pris l’habitude, sans doute pour se ménager et par respect l’un pour l’autre, d’appeler par leurs initiales ce musicien d’orchestre et professeur qui avait troublé Marie, au point où sa meilleure amie lui avait demandait si elle l’avait fait monter, un soir, dans son appartement et cette jeune pianiste qui avait, un temps, intrigué Robin et avec laquelle il entretenait une relation épistolaire assez soutenue, sans jamais l’avoir rencontrée. Ainsi, dans leurs fréquents courriers où ils s’expliquaient, se justifiaient, se rassuraient, et même dans leurs paroles ou leurs SMS,  ces ombres à leur couple s’appelaient J.G, N.M. Alors que Robin n’avait jamais rencontré N.M., bien qu’il sache parfaitement de qui il s’agissait et qu'il soit très conscient de la menace réelle qu’il représentait, tout en n’ayant jamais connu la vérité sur cette relation malgré les assurances de Marie, il avait décidé de rencontrer J.G. pour un dîner à Paris, Place des Vosges, avec elle afin de lui prouver qu’il ne s’agissait que d’une amie avec laquelle il correspondait essentiellement sur leurs activités de pianiste avec une certaine complicité intellectuelle et artistique.  Il espérait ainsi rassurer Marie définitivement. A la lecture des événements qui se reproduirent de manière presque similaire,  Robin comprenait que N.M., qui avait été vite oublié mais qui  avait téléphoné  à Marie lors du décès de sa maman, ce qu'il l'avait faite rougir,  n’était qu’une répétition générale, un premier séisme vers une rupture inéluctable, un schéma de carrière que Marie élaborait et dont était exclu Robin qui n’avait aucun pouvoir  au sein d’aucun orchestre. Ainsi, elle obéissait à son père, personnage froid et calculateur, dénué de la moindre empathie qui ne voyait qu’en ses enfants la réalisation d’une carrière artistique qu’il n’avait pu réussir lui-même, faute de talent. Robin commençait à réaliser qu’il s’agissait d’un amour conditionnel, tel qu'elle l'avait reçu de sa famille,  dont il avait été la victime consentante et se demandait parfois quelle aurait pu être la vie de Marie si elle n’avait vécu avec lui pendant presque onze ans. Il ne le saurait évidemment jamais, mais il imaginait la prochaine rupture de Marie à des fins professionnelles et d'une certaine manière cela le rassurait.  

     

     C.L op.cit.


  • 4 février 2015

     

    Parmi les nombreuses partitions pianistiques que Marie adorait, figuraient les Kresleiriana de Robert Schumann. Cette œuvre sauvage au lyrisme exacerbé la nourrissait de fantasmagorie musicale que son instrument ne lui permettait pas toujours d’explorer. La première fois que Marie écouta cette musique, elle était avec Robin dans la voiture en revenant un soir d’une promenade.  L’interprétation était si belle qu’il coupa le moteur et restèrent garés devant la maison pour savoir qui jouait. Seuls avec Schumann, ils goûtaient le bonheur de ce partage musical. Ils avaient pris l'oeuvre en cours de route et, comme à son habitude, Robin ne lui avait pas dit tout de suite de quoi il s’agissait. Il l’avait amenée en découvrir l’époque, le style, l’écriture pianistique, la forme. C’était un de ses petits jeux favoris, en souvenir de l’étudiante qu’il avait connue et à qui il aimait tant apprendre des choses. Après les deux notes finales, pianissimo, comme une cloche lugubre, il tendirent l’oreille pour savoir qui était le pianiste… C’était Alfred Brendel.

    A plusieurs reprises, Robin ressortait de sa collection de disques différentes versions de cette œuvre ; l’occasion était toujours bonne pour qu’ils écoutent cette demi-heure de musique sublime. Ils adoraient Horowitz, Cortot, Volodos...  Parfois, Robin sortait la partition et en jouait quelques passages ; Marie s’enhardissait alors à faire sonner les thèmes lents aux harmonies complexes. Pendant ce temps, certainement, d’autres couples s’ennuyaient, se disputaient, s’ignoraient, regardaient la télévision… Pour eux, le temps était à la complétude.

     

     

    C.L op. cit.


  • 24 janvier 2015

     

    Depuis, Robin avait à  faire face au deuil de ses deux enfants qui avaient perdu leur mère. Il devait désormais être leur guide, leur boussole, leur soutien, un ancrage, une bouée, dans la solitude  de la soixantaine dévastée par une histoire d’amour si mal terminée.