• 2 août 2014

     

    « Là où je suis-je n’ai pas de connexion » avait écrit Marie à Robin lors d’un mail pendant les vacances alors qu’il l’enjoignait de supprimer son compte de la playliste musicale Spotify. « Il faut faire des manipulations, je vais le faire, quelqu’un va m’aider. » Tant qu’à faire de s’arranger avec elle-même, comme l’avait fait Marie depuis un certain temps, pourquoi n’avait-elle pas ménagé  l’insondable douleur qu’avait pu ressentir Robin en lisant ces mots. En avait-elle réellement conscience ? Pourquoi alors tant de vérité, pourquoi pas avant ?



  • Sur Paris, sur Caen, sur Nice (très très très courant... et impropre)

    Faire le cake (j'aime bien et je le fais parfois !)

    C'est une peu rockn'roll (tournure amusante et sympathique)

    Il (elle) ne me calcule pas 

    Du coup (tic verbal absolu)

    Pas de souci ou Y'a pas d'souci (remplace suivant les cas : je vous en prie, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas grave, au contraire, avec plaisir, merci etc. Souci peut-être remplacé aussi par problème)

    Ca marche

    Nickel

    Impacter

    Je ne m'interdis rien (tournure amorale et prétentieuse utilisée par les bobos signifiant : "je vais là où j'aurais le plus d'intérêt perso ; les autres j'en ai rien à foutre")

    La bonne personne (s'agissant d'une rencontre)

    Grave (au sens très...) 

    Tu vois (prononcer tu ouas ou t'ouas, en général tous les trois mots : tic verbal absolu)

    Bonne soirée (totalement impersonnel voire stupide, surtout quand on vous le dit à minuit et demi après un dîner ou une réception)

    (Je vous souhaite) Un bel été (manière de se dédouaner pour ne plus communiquer pendant au moins deux mois, voire plus)

    Bon courage (adressé aux caissières de supermarché, aux facteurs, aux conducteurs de bus, aux poinçonneurs des Lilas s'ils existaient encore, à tous les gens qui nous rendent de précieux services, forme d'empathie récente pour le monde du travail)

    Se poser (il faut que je me pose, là ; je vais avoir besoin de me poser) Tournure à peine élégante pour signifier qu'on vous foute la paix. 

    Partir sur (très utilisé par les cuisiniers : "donc, on part sur une mousse d'avocat sur son lit de pain d'épice grillé au piment d'espelette surmonté de sa noix de Saint-Jacques", " partir sur un bourgogne" ; les décorateurs (genre Valérie Damido) : "partir sur un plancher flottant, sur un mur en trompe l'oeil..." ou encore par les couturiers : "partir sur un paréo avec du tissus trouvé chez Tati enrubanné de cordelettes faites avec un tricotin." Les exemples sont infinis.  Très utilisé également par les chroniqueurs télé.

    Une personne, la personne 

    Le produit (qui peut-être à la fois un rôti de porc, un billet d'avion, ou un téléphone portable)

    (spécial téléréalité : comme quoi, se prendre la tête, c'est mort, j'me casse, c'est bon !

    ex : "Je t'ai fait venir comme quoi tu me prends la tête, je te l'ai déjà dit, c'est bon, insiste pas, c'est mort, j'me casse. ")

     

    Ces nouvelles excuses modernes : 

    Mon téléphone était déchargé

    La où je suis je n'avais pas de connexion

    J'ai des soucis de connexion avec ma Bbox, mon Orange box etc.

    Je ne lis pas mes mails tous les jours, avec tout le boulot que j'ai !

    J'ai perdu mon chargeur

    J'ai oublié mon chargeur chez des amis ce week-end

    Je n'ai absolument pas reçu ton SMS

    Ton mail était noyé au milieu de beaucoup d'autres, je n'ai pas fait attention, je viens de le retrouver dans la corbeille ! 

    Quand je rentre du boulot, c'est pas pour me mettre à l'ordinateur...

    Ca, c'est la politesse extrême... car dans beaucoup de cas on applique la jolie formule de George Bernard Shaw :   

    « Le silence est l'expression la plus parfaite du mépris. »

     

    Chez les musiciens, il y a également quelques tournures qui reviennent en boucle : 

     

    "Mon" et surtout "Ma" pianiste. En effet, il y a toujours quelque part une pianiste qui déchiffre bien et en mesure. on ne lui demande pas d'être musicienne, mais d'être "Ma" pianiste...

    "Je n'ai pas trop le temps en ce moment, je fais du trio, du quatuor... formule à peine élégante pour dire que le projet que l'on propose n'intéresse pas le musicien sollicité. 

    "C'est la galère en ce moment, j'ai trois programmes sur le dos". (le même musicien peut pleurnicher quand il est un mois sans projet...)

    "D'accord, mais je n'ai pas trop le temps de répéter". 

     

    à suivre...


  • 28 juin 2014


  • 26 juin 2014


  • 15 juin 2014

     

    A force de réflexion, d’hypothèses, de recoupements, dans le vide du pourquoi, Robin avait acquis la certitude que, depuis longtemps pour Marie, tout devenait la dernière fois. Comme dans un sablier, les événements allaient inexorablement basculer. Tels les petits grains de sables qui remplissent la partie supérieure et qui passent un à un dans la partie inférieure, les minutes de la vie de Robin et de Marie s’écoulaient, sans espoir désormais qu’une main ne les retourne. Marie le savait, c’est sûr, elle ne retournerait plus le sablier et laisserait vide le bulbe du haut. Dernières vacances, dernier voyage en Italie, dernières retrouvailles à la gare, derniers dîner avec les amis, dernière sieste, dernières ballades en Vélib, dernier calin, dernière petite dispute sur les contingences des emplois du temps, dernier petit déjeuner, dernier baiser, dernière rigolade, dernière discussion, dernier concert, dernier « mon chou ». Et même si tout cela n’était pas vrai, ou pas tout à fait vrai, cela aidait Robin à structurer cette rupture.

     


  • 1 juin 2014

     

    A ce concert figuraient également Trois Romances que Clara Schumann a écrites pour violon et piano. Robin avait déjà joué à plusieurs reprises ces émouvantes pièces avec celui qui allait devenir le mari de son ex-femme et aussi avec un ami de Marie qu'elle avait connu dans les Conservatoires avant que de ne partir à Lyon et qui l'appelait "sa petite sœur", car ils s'entendaient très bien. Le caractère intime et nostalgique de ces romances, notamment la première, avec cette souplesse mélodique qui enlace les deux parties instrumentales par leur dialogue convenait à merveille à la sonorité de l'alto. Marie jouait cette musique avec beaucoup de goût et de sobriété.

     

     

    CL op. cit. 


  • 7 mai 2014

    Attablés à cette terrasse au bord du Canal Saint Martin en contrebas du Boulevard de la Bastille, Robin, Marie et Sylvie, la nouvelle compagne du  frère de Marie, parlaient de la vie. Ils étaient venus en Vélibs et goûtaient cette lumineuse et douce fin d’après midi printanière. Sylvie devait rejoindre Nicolas à Bordeaux le soir même et ils s’échangeaient déjà de nombreux textos. Il s’inquiétait de savoir si elle ne raterait pas son train, si tout allait bien.

    -          Cela fait sept mois que nous sommes ensemble, pourvu que ça dure…

    -          Ah oui, c’est assez récent

    -          Oui, et vous au fait ?

    -          Cela fait dix ans, c’est une belle histoire…

    Durant ces échanges entre Robin et Sylvie, Marie ne disait rien et affichait son énigmatique sourire.

     

    Après avoir souhaité bon voyage à Sylvie, ils remontèrent à l’appartement de Marie, se photographiant devant l’Hôtel du Nord et sa célèbre passerelle immortalisés par Louis Jouvet et Arletty dans le film mythique de Marcel Carné. Une fois rentrés, Robin montra cette scène à Marie et publia les photos sur Facebook avec un commentaire prémonitoire : « l’atmosphère n’est plus la même »…

    C.L. op. cit.


  • 6 mai 2014

     

    Ce 6 mai, Robin devait se rendre à Monaco pour couvrir un concert de l'Orchestre Philarmonique de Monte-Carlo. Marie l'avait conduit assez tôt à la station de RER de la Gare du Nord pour qu’il se rende à Roissy. Dans cette rame sinistre d'où il voyait défiler les banlieues nord dans une grisaille pluvieuse et démoralisante, accentuée par l'éclairage blafard d'un ciel chargé au petit matin, Robin se réjouissait de s'envoler pour aller passer quelques heures sous le soleil méditerranéen. C'était le jour de l'élection présidentielle qui vit la victoire de François Hollande.  

     

    C.L. op. cit.


  • 23 avril 2014

     

    La Gauche n'est pas toujours à la hauteur des espoirs qu'on formule en elle.

     

    Anne Sainclair